South Africa is such a fractured, schizophrenic, wounded and problematic place. It is a very violent society; the scars of colonialism and apartheid still run deep. Issues of race and cultural custodianship permeate every aspect of society, and the legacy of forced racial segregation casts a long shadow. How does one live in this society? How does one take responsibility for history, and to what extent should one try? How do you raise a family in such a conflicted society? Before getting married and having children, these questions did not trouble me; now, they are more confusing.
About eight years ago, I started photographing the notion of ‘home’, whatever that might mean, as both intimate and public place. To look at home critically is to look at one’s self and one’s fellow man. It is to feel the weight of history and to consider the space one occupies in it. It is to consider one’s relationship with ‘kin’ – to look at the tenuous ties that bind us to, and repel us from, each other. Home is where belonging and alienation coexist.
Does this belonging liberate or confine us? Does it tie us to the terrible weight of history or free us from it?
I have deeply mixed feelings about being here. Eight years on, I do not feel any more resolved about these issues. If anything, I am more confused and more at odds with my ‘home’. This work grapples with these dilemmas, but ultimately fails to provide any answers.
[FR]
PROCHES (2006—2013)
L’Afrique du Sud est un pays blessé, fracturé, schizophrène et problématique. La société y est particulièrement violente : les plaies du colonialisme et de l’apartheid n’ont pas encore cicatrisé. Des enjeux raciaux et culturels imprègnent chaque aspect de la société, sur laquelle continue de planer l’ombre de la ségrégation raciale. Comment vit-on dans une telle société ? Comment prend-on en charge l’histoire et dans quelle mesure doit-on essayer de le faire ? Comment construit-on une famille dans un contexte si conflictuel ? Avant que je me marie et que j’aie des enfants, ces questions ne me perturbaient pas ; aujourd’hui, elles sont plus prégnantes.
Il y a environ huit ans, j’ai commencé à m’intéresser à la notion de « foyer » - quel que soit le sens exact de ce terme - en tant qu’espace privé et public. Poser sur le foyer un regard critique revient à s’examiner soi-même ainsi que ses frères humains. C’est sentir le poids de l’histoire et réfléchir à la place qu’on y occupe. C’est remettre en question sa relation avec sa « famille » en se penchant sur les liens ténus qui nous rapprochent et nous éloignent les uns des autres. Au sein du foyer, l’appartenance côtoie l’aliénation.
Ce sentiment d’appartenance est-il une contrainte ou une libération ? Nous rattache-t-il au poids terrible de l’histoire ou nous en libère-t-il ?
Ma vie ici m’inspire des sentiments contradictoires. Huit ans ont passé et je ne suis pas plus avancé qu’alors. De fait, je suis encore plus troublé et brouillé avec mon « foyer ». Cette série questionne ces dilemmes, sans toutefois leur apporter de réponse définitive.